Sols Premiers vers exotiques détectés dans l'Hexagone
Plusieurs espèces de plathelminthes, prédatrices de lombrics, ont été recensées en France depuis début 2013. Elles sont potentiellement envahissantes.
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Importés en Europe via le commerce de végétaux depuis l'hémisphère sud (Nouvelle-Zélande ou Australie), les vers plats exotiques identifiés (famille des Geoplanidae) se nourrissent des lombrics indigènes. Fin janvier, ces plathelminthes étaient recensés dans vingt-sept départements, notamment en Bretagne, dans le bassin méditerranéen et le Sud-Ouest, mais aussi en Île-de-France.
Un impact qui doit être étudié
Dans l'aire d'origine de ces plathelminthes, les lombrics ont développé des stratégies d'évitement qui leur permettent de se maintenir. Mais les vers de terre européens ne sont pas préparés à cette menace. Au Royaume-Uni, les vers plats sont considérés comme des espèces exotiques envahissantes : dans certaines zones, de fortes concentrations de plathelminthes ont entraîné une quasi-disparition des lombrics. Or, « les lombrics creusent des galeries qui aèrent le sol et permettent la circulation de l'eau, ils réassimilent la matière organique du sol, la rendant disponible et exploitable par les végétaux », rappelle la Fredon (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) Île-de-France. « Ils sont une ressource déterminante dans les chaînes alimentaires, permettant à de nombreux prédateurs naturels d'exister. » Bien que les plathelminthes ne nuisent pas directement à la santé des plantes, ils peuvent donc avoir des conséquences agronomiques et écologiques importantes. Mais cette incidence reste à confirmer, selon l'OEPP (Organisation européenne et méditerranéenne pour la protection des plantes).
Garder un oeil attentif
Les vers exotiques sont légèrement aplatis, noirs ou marron, pourvus de deux bandes dorsales plus claires. Il arrive qu'on les rencontre en amas emmêlé. Le mucus qui les recouvre contient des substances toxiques qui les protègent contre leurs prédateurs : ils ne peuvent donc pas se substituer aux lombrics dans la chaîne alimentaire. Et il faut éviter de les toucher et de laisser les enfants jouer avec. Le MNHN (Museum national d'histoire naturelle), et l'INPN (Inventaire national du patrimoine naturel) ont lancé un appel à témoin, afin de réaliser une cartographie de leur implantation (1).
Outre les jardiniers avertis, les professionnels sont appelés à garder un oeil attentif à la présence de vers « inhabituels » et à communiquer toute suspicion au MNHN, à leur Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt (même si ces organismes ne sont pas réglementés) ou à leur Fredon. En région parisienne, la Fredon-Île-de-France invite, en cas de doute, à effectuer un prélèvement (une boîte hermétique avec un peu de terre fraîche) et à contacter ses services (2). Le 5 décembre dernier, un sénateur écologiste a demandé au ministre de l'Écologie que des mesures soient envisagées pour combattre cette nouvelle espèce invasive.
Valérie Vidril
(1) Contact : Jean-Lou Justine Tél. : 01 71 21 46 47. jean-lou.justine@mnhn.fr (bit.ly/Plathelminthe). (2) Contact : Jonathan Burel Tél. : 01 56 30 00 26. j.burel@fredonidf.com
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